Portées par Instagram, TikTok et YouTube, des créatrices de contenu remettent en question certains standards, donnent une visibilité accrue à des corps variés et participent à un mouvement body positive centré sur une approche sincère, un engagement de communauté et des initiatives sélectives. Leur influence est perceptible sur l’image de soi, même si les critères idéalisés restent largement diffusés, posant des interrogations sur l’inclusion, le bien-être psychologique et l’usage marketing de cette diversité.
Contexte et évolution du mouvement body positive sur les réseaux
Sur les réseaux sociaux, la représentation corporelle s’impose de plus en plus comme une réponse alternative aux normes de beauté souvent uniformisées par les filtres et les mécanismes d’algorithmes. Instagram et TikTok ont offert une plateforme à des voix longtemps peu visibles, mettant en avant différentes morphologies, peaux, âges et identités de genre. Certaines analyses montrent que malgré la prévalence de contenus véhiculant des silhouettes idéalisées, une part croissante met en avant la diversité corporelle, ce qui contribue à modifier progressivement certaines perceptions collectives.
Ce changement n’est pas linéaire. Les fils d’actualité affichent simultanément des publications Instagram conformes à des critères dominants et des récits plus spontanés. Les enquêtes sur l’image de soi chez les jeunes indiquent qu’une exposition prolongée à des images standardisées intensifie la comparaison sociale, favorise des troubles anxieux et peut diminuer l’estime de soi. En contraste, les contenus valorisant les différences jouent souvent un rôle modérateur, sous réserve qu’ils soient accompagnés d’un message bienveillant et éducatif. En France et ailleurs, des collectifs et des personnalités influentes engagées dans le body positive s’associent parfois à des projets de sensibilisation pour faire avancer la reconnaissance de différents types de corps.
L’essor de ce discours s’inscrit dans un climat global favorisé par Instagram, TikTok et relayé sur YouTube. Le format vidéo permet de suivre des séries de « publication partagée » ou de stories autour de récits personnels, de commentaires de followers et de thèmes comme le bien-être psychique ou les usages commerciaux du mouvement. Il en ressort des échanges plus nuancés sur l’acceptation de soi, qui coexistent avec des critiques ciblant les normes sociales et les stéréotypes genrés.
Rôle des influenceuses dans cette dynamique
Les créatrices de contenu occupent une place d’intermédiaires et de transmettrices de vécus. Grâce à leurs témoignages personnels, une approche éducative et des appels à contribuer, elles transforment l’attention qu’elles reçoivent en engagement collectif. Leurs actions reposent sur plusieurs dimensions :
Des récits personnels et réguliers
Elles évoquent leur lien au corps, les moments de doute, les remarques blessantes, ainsi que leurs choix vestimentaires ou alimentaires. Cette approche sincère encourage les échanges, stimule les réactions et facilite l’identification, renforçant l’engagement.
Un contenu ajusté et varié
Elles alternent entre des contenus de type informatif (mise en perspective des normes de beauté, lexique body positive), des styles en inclusivité (tenues pour diverses tailles, lingerie adaptée aux morphologies variées), des coopérations avec des marques partageant leurs valeurs, et des publications en apparence plus spontanées. Cette diversité soutient la portée naturelle de leurs messages tout en créant un lien avec leur audience.
Des coopérations ciblées
Les partenariats évoluent : créations conjointes en « mode taille inclusive », pleines pages contre les discriminations, initiatives d’information (charte sur les retouches, diversité des mannequins), interventions éducatives. Lorsqu’ils sont adaptés, ces projets confortent leur crédibilité, même si la frontière avec le marketing commercial peut apparaître floue.
L’effet global reste complexe mais porteur de changement : d’une part, le secteur de la mode et des cosmétiques conserve une influence visuelle standardisée, tandis que, de l’autre, les créatrices de contenu développent de nouvelles approches narratives, interrogent les règles sociales en matière de beauté et évoquent les conséquences psychologiques liées à l’exposition aux images formatées.
Témoignage personnel d’une influenceuse body positive
« Adolescente, je pensais qu’il fallait modifier mon corps en permanence. Instagram me montrait surtout des corps lisses et sans marques. Le jour où j’ai publié une photo non retouchée en maillot, j’étais très stressée. J’ai reçu des messages de followers qui m’avouaient se sentir compris. Progressivement, j’ai commencé à parler de mon quotidien: mes efforts, mes doutes, mes petites avancées. Je parle aussi de mon suivi nutritionnel et de mes moments difficiles. Quand les retours sont durs, je me rappelle pourquoi je fais ça. Pour moi, le body positive n’est pas une image lissée, c’est quelque chose que je vis à travers de multiples petits pas et, parfois, des erreurs. Justement, c’est ce réalisme qui fait la différence. »
Ces récits installent la diversité corporelle dans un cadre quotidien et alimentent des échanges qui vont au-delà du simple clic. Les analyses de communauté soulignent l’intérêt pour les formats plus étoffés (séquences éducatives, capsules « sans filtre ») intégrant aussi les thématiques liées à la perception de soi et à la santé psychologique.
Regarder, comprendre, agir : la vidéo qui fait bouger les lignes
Si vous souhaitez approfondir la question de la diversité corporelle via les créatrices, une vidéo disponible ci-dessous explore comment certaines d’entre elles utilisent Instagram, TikTok ou YouTube pour proposer d’autres représentations. L’analyse met en lumière les ressorts d’interaction, les effets des algorithmes et le délicat équilibre entre sincérité et stratégie numérique:
Ces contenus permettent souvent de passer de la simple intention à des actions concrètes : publication authentique, choix de visuels non retouchés, diversité dans les représentations, et application d’une charte de confiance – autant d’éléments qui améliorent la clarté du message et la connexion avec le public.
Tableau comparatif des types de contenus et leurs impacts
Type de contenu | Part estimée dans les feeds | Engagement dominant | Effets psychologiques observés | Risques/limites |
---|---|---|---|---|
Contenus promouvant la diversité | ≈ 35 % | Commentaires, partages, messages privés | Renforcement de l’image de soi, effet communautaire | Moins mis en avant que les formats dominants ; retours critiques possibles |
Contenus aux standards idéalisés | ≈ 65 % | Portée importante et engagement rapide | Comparaison esthétique, anxiété, souci de conformité | Images peu variées, recours fréquent aux retouches |
Témoignages personnels | Variable | Discussions approfondies | Identification, sentiment de soutien | Exposition émotionnelle, réception diverse |
Collaborations avec marques | Variable | Retours partagés (adhésion ou scepticisme) | Légitimation si bien structurée | Risque d’opportunisme commercial |
Ces grandes tendances confirment la coexistence de dynamiques parallèles : la persistance des images conformes aux standards et la montée d’un discours porté par des profils engagés pour plus d’inclusivité. Les plateformes modulent cette dynamique : les algorithmes privilégient encore certains types de visuels, mais les discussions en commentaires révèlent un véritable intérêt pour les propositions sortant des normes habituelles.
Stratégies concrètes pour promouvoir la diversité corporelle
Miser sur l’authenticité tout en structurant la diffusion.
L’usage intelligent de mots-clés pertinents dans les textes de description et une cohérence visuelle réaliste sont essentiels. Montrer des visuels non modifiés, varier les profils représentés et clarifier les intentions lors des collaborations sont des éléments qui renforcent le lien de confiance avec l’audience.
Donner une place à toutes les formes de récits.
Proposer des contenus allant du conseil vestimentaire à l’analyse d’outils numériques (retouche, filtres), en incluant des entretiens avec des professionnelles ou des focus sur des vécus peu présents. Cela permet à l’ensemble des récits de se déployer et d’inclure différents corps et histoires de vie.
Encadrer les partenariats commerciaux.
Solliciter des engagements clairs de la part des entreprises partenaires, comme l’absence de modifications numériques, une diversité de mannequins ou encore une rétribution juste pour toutes les intervenantes. Les collaborations perçues comme légitimes associent message social, éducation et transparence produit.
Inclure la prévention psychologique.
Diffuser des messages de sensibilisation sur les effets de la comparaison sociale, la gestion du temps passé en ligne, ou l’accès à des soutiens adaptés. Ce point est particulièrement important au vu des études sur la santé mentale chez les jeunes utilisatrices et utilisateurs des réseaux.
Contradictions et limites : un mouvement sous tension
Le discours body positive gagne en visibilité sans pour autant occuper une place centrale. Cela crée une contradiction : le système favorise encore largement les images normées alors que les attentes autour d’une plus grande variété restent fortes. Certaines recherches rappellent que la logique de consommation continue d’imposer ses critères et peut même détourner des initiatives pourtant pensées pour être inclusives.
Autre point à relever : certaines identités restent peu visibles dans les campagnes dites variées – corps âgés, corpulences spécifiques, handicaps, marques corporelles… Ce manque traduit les contraintes de représentation et met en lumière la difficulté de maintenir une approche réfléchie dans un système parfois tourné vers la visibilité immédiate.
Impact psychologique et estime de soi
Un contenu qui valorise les représentations diversifiées peut renforcer la relation positive à son corps, diminuer un sentiment d’exclusion et contribuer à créer une connexion plus sereine avec soi-même, surtout quand ces initiatives intègrent des outils concrets comme l’auto-bienveillance ou un journal personnel. À l’inverse, la surconsommation d’images standardisées accentue les comparaisons et peut générer de l’inconfort psychologique. Un usage réfléchi des plateformes est vivement recommandé.
Portraits express: des approches complémentaires
L’éducatrice engagée
Elle met en lumière les angles cachés des visuels populaires : retouche, algorithmie, discours ambivalents. Elle met à disposition des ressources claires : tutoriels, listes d’influenceuses à suivre, outils de signalement.
La styliste inclusive
Elle valorise les vêtements inclusifs pour des corps réels. Elle propose du contenu accessible centré sur des tenues adaptées aux préférences des personnes, en allégeant les codes contraignants de la mode.
La narratrice authentique
Elle partage ses ressentis, ses doutes, sa manière d’aborder l’image d’elle-même. Ce sont ses textes et commentaires reçus qui montrent l’impact profond de son engagement.
Dans l’espace francophone, le parcours de Julie Bourges (douzefevrier) constitue une illustration : sa capacité à conjuguer acceptation du corps, réflexion personnelle et discours pédagogique a inspiré de nouvelles voix à s’affirmer sans s’excuser de leur apparence.
Elle est de plus en plus fréquente mais toujours minoritaire, avec des publications inclusives représentant environ 35 % des flux selon certaines études.
Oui. Certaines apparences (liées à des pathologies, handicaps, ou stigmatisations spécifiques) sont encore peu représentées, ce qui reflète des blocages sociaux ou médiatiques persistants.
Observez la continuité du message, la transparence sur la sélection des visuels et les prises de parole régulières. Les projets opportunistes s’en écartent souvent ou ne s’inscrivent pas dans la durée.
Les contenus positivement représentatifs favorisent le bien-être. À l’opposé, la surabondance d’images stéréotypées peut intensifier des tensions internes, surtout chez les populations jeunes exposées.
Oui, quand ils sont conçus avec transparence, équité et cohérence de fond. Cela suppose une démarche réfléchie et non ponctuelle.
Les créatrices qui défendent la diversité corporelle participent à élargir le regard social : elles partagent des instants vécus, interpellent les schémas dominants, et proposent de nouvelles voies pour penser l’image de soi. Grâce aux réseaux numériques, elles combinent récits purs, initiatives cadrées et réflexion éducative. Même si les habitudes de consommation visuelle demeurent fortement normées, la multiplication de récits singuliers – par les tailles, les vécus ou les identités – contribue à améliorer le lien à soi et aux autres. Face aux pièges du marketing ou à l’absence de cohérence éditoriale, une vigilance s’impose pour garantir la fidélité du message. C’est ce cadre mêlant sincérité et créativité qui offre à ces profils une voix forte et influente.
Sources de l’article
- https://www.jeunes.gouv.fr/influenceurs-et-createurs-de-contenu-un-guide-de-bonne-conduite-ne-pas-manquer-1274
- https://www.economie.gouv.fr/guide-bonne-conduite-influenceurs-createurs-contenu